Je suis dans un mariage bilingue. Avec l’âge, les choses sont devenues plus compliquées.

Je suis dans un mariage bilingue les complications qui surviennent avec l'âge.

Couple posant en Malaisie
L’auteur et son mari.

Courtoisie de l’auteur

  • Mon mari parle français et je parle anglais, et nous vivons à Tel Aviv.
  • Je plaisante en disant que nous parlons “Fringlish”, un mélange de français et d’anglais.
  • Nous étions déterminés à élever nos enfants de manière bilingue.

À la maison, mon mari strasbourgeois et moi parlons “Fringlish”, notre langue improvisée : un peu de français et une abondance d’anglais. Alors que notre mariage est bilingue, notre vie est plus trilingue puisque nous vivons à Tel Aviv, en Israël.

Il y a trente-quatre ans, je suis tombée amoureuse de Philippe pour sa langue commune, ses crêpes faites maison et ses superbes abdominaux. Dès le début, nous parlions français, grâce à ma mère qui m’a inscrite à un programme dans ma ville natale du nord de la Californie, le français effréné de ma famille d’accueil lors de ma troisième année à Paris et mes collègues polyglottes au Congrès Juif Européen où j’ai travaillé après l’université. Lors de mes deux séjours dans la ville de l’amour, j’ai pincé les lèvres pour prononcer le basique “bonjour”, “merci” et “au revoir”. J’ai caché mes dents américaines droites derrière mes appareils dentaires et je me suis plongée dans la francophonie.

Nous parlions français, ainsi personne d’autre ne pouvait nous comprendre

Notamment, Philippe et moi nous sommes rencontrés après que j’ai quitté mon emploi et que je me suis envolée pour Israël pour un long séjour afin d’apprendre l’hébreu. Quelques secondes après avoir échangé des baisers sur chaque joue lors d’une retraite de Shabbat avec des francophones, nous flirtions, lisant Sha’ar LaMatchil, le journal défunt pour les nouveaux immigrants écrit en hébreu débutant, et jouant au backgammon.

L’attraction était mutuelle et féroce. Deux mois plus tard, j’ai emménagé dans son appartement à Haïfa, en Israël. Sept mois plus tard, nous nous sommes fiancés. Neuf mois plus tard, nous nous sommes mariés. La plupart du temps, nous parlions français, surtout lorsque nous ne voulions pas que quelqu’un d’autre comprenne, toujours au téléphone.

Nous voulions élever nos enfants de manière bilingue

Dans la vingtaine, après la naissance de notre premier enfant, le langage est devenu compliqué. Philippe et moi parlions chacun notre langue maternelle et les mélangeions comme une expérience scientifique pour nous parler.

Après que notre mariage soit devenu itinérant – Paris pour son programme MBA, la région de la baie de San Francisco pour mon épanouissement – la communication est devenue territoriale.

En Californie et déterminés à élever des enfants bilingues qui pourraient être en lien avec leurs grands-parents lointains, nous avons endoctriné nos enfants avec des vidéos, des contes de fées et des comptines en français. Jusqu’à ce qu’à un certain moment dans mon pays d’origine, lorsque mon mari se sentait de plus en plus à l’aise avec l’anglais et que je perdais ma détermination pour le français, ma langue a usurpé la sienne.

Avec l’âge, les choses sont devenues plus compliquées

Maintenant, trois décennies plus tard et de retour là où notre histoire a commencé, en Israël, le langage est encore plus compliqué. L’âge joue des tours à notre maîtrise linguistique. Nous ne pouvons plus converser depuis des pièces différentes de notre appartement si l’un prend une douche ou si de la musique joue en arrière-plan.

Parfois, mon accent français négligé rend la compréhension difficile pour Philippe. De même, son incapacité à comprendre mon anglais brouillé me fait douter de sa compréhension. Je m’inquiète pour nous lorsque nous aurons 80 ans. Serons-nous encore capables de communiquer ?

Pourtant, je suis optimiste quant à l’effet positif de mon mariage multilingue sur mon esprit. Peut-être éviterai-je le destin de mon père, atteint de la maladie d’Alzheimer, tout comme 6,7 millions d’autres Américains. Une étude médicale de l’Université de Californie à Los Angeles a découvert que les personnes qui parlaient couramment deux langues pouvaient retarder les symptômes de la démence d’environ quatre ans par rapport aux personnes monolingues.

Au lieu de me lamenter sur notre sort, je choisis l’optimisme. Je joue à Wordle avant de commencer ma journée. Je fais mes courses au souk pour le Shabbat. Je parle Franglais avec ma famille. Et je croise tous mes 10 doigts et mes orteils pour que Philippe et moi restions mariés et agiles d’esprit, car tout le reste est hors de notre contrôle.